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A Magdala, une pierre extraordinaire témoigne du passage de Jésus

Il y a une dizaine d'années, lors de fouilles archéologiques menées sur le site de Magdala, en Galilée, la synagogue de la ville datant du 1er siècle est sortie de terre! D'après les évangiles, Jésus a prêché dans les synagogues autour du lac de Tibériade. Probablement dans celle de Magdala aussi. Une magnifique pierre fait partie du trésor archéologique de la synagogue de Magdala. Découvrez-le!


Où se trouve Magdala?


Magdala était une ville du premier siècle située au bord du lac de Tibériade, sur la route en direction de Capharnaüm.

Carte de la Palestine au temps de Jésus et ministère de Jésus autour du lac de Tibériade. Illustrations: Access Fondation (libre de droit)


Les ruines de la ville ont été découvertes en 2009. Magdala était aussi la ville d'origine de Marie Madeleine. La ville était dotée d'un port important. Son activité principale était la pêche.

Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. (Mt 4,23)

Au temps de la grande révolte juive (66-70), Flavius Josèphe raconte que la ville était un centre actif de rebelles juifs. Ils furent anéantis par les troupes de Vespasien conduites par son fils Titus. La ville fut probablement détruite à cette occasion. Pour en savoir plus sur le contexte historique sous la domination romaine, consultez notre page spéciale en cliquant ici.

Zone archéologique de Magdala et mosaïque

Photos: University Anahuac et E. Pastore


Au 4ème siècle ap. J.-C., sainte Hélène, la mère de l'empereur Constantin se rendit à Magdala et fit construire une basilique sur les ruines de ce qu'elle pensait être la maison de Marie-Madeleine.

Vue sur Magdala et le lac de Tibériade depuis les falaises d'Arbel

Photo: E. Pastore


Quelles étaient les fonctions d'une synagogue au temps de Jésus ?


Au premier siècle de notre ère, toutes les fonctions de la synagogue étaient intimement liées à la Torah ou les cinq premiers livres de la Bible. La lecture de la Loi, son interprétation et son étude étaient au centre des réunions du sabbat et constituaient la formation permanente du peuple aux commandements et aux coutumes de ses ancêtres. Les rouleaux de la Torah, qui occupaient une place éminente dans la salle de réunion, conféraient un statut sacré à l'ensemble du bâtiment. La synagogue offrait un espace pour les célébrations des fêtes prescrites et des repas liturgiques, pour la collecte des prémices et des fonds. Elle servait également à prendre soin des personnes dans le besoin, notamment de la veuve et de l'orphelin, et servait d'abri au pèlerin. Le bâtiment abritait aussi l'école locale, ainsi que la salle du conseil de la ville où se prenaient les décisions politiques. Elle fonctionnait comme une cour de justice dans laquelle les lois de la Torah étaient appliquées, les jugements étaient dictés et les punitions infligées, tout en étant un lieu de prière personnelle et communautaire.

Rouleau de la Torah. Photo: Bible Places


En d'autres termes, la synagogue était autant le centre spirituel, assurant un lien avec le Temple de Jérusalem, que le centre de la vie publique. La vie sociale et la vie religieuse étaient inséparables. L'identité du peuple juif ne peut être séparée de sa conscience de l'élection et de l'alliance divines au Mont Sinaï. La Torah, en tant que Loi de l'alliance, imprègne la vie de chaque individu depuis son début jusqu'à la fin.


A quoi ressemblait une synagogue au temps de Jésus ?


Toutes les synagogues du 1er siècle qui ont été découvertes jusqu'à présent sont constituées d'une salle principale rectangulaire ou carrée. Des bancs étaient disposés le long de trois ou quatre murs. Cette configuration faisait converger les regards de toute l'assemblée au centre de la salle, ce qui montre que la synagogue judéenne ne ressemble pas aux temples païens. En effet, les temples païens étaient orientés vers la statue de la divinité, qui était éloignée du public. La synagogue, en revanche, est plus probablement liée à des structures d'assemblée publique comme l'ecclesiasterion ou le bouleterion, dont la finalité était la libre discussion entre les personnes assises écoutant les discours prononcés depuis le centre de la salle.

Au centre de la photo, la synagogue de Magdala. 2009.

Photo: Bible Places


La pierre synagogale retrouvée à Magdala


A l'intérieur de la synagogue, une pierre extraordinaire a été retrouvée. La pierre présente une combinaison unique de symboles qui n'ont été trouvés jusqu'à présent dans aucune autre synagogue du premier siècle. Elle a attiré l'attention de nombreux chercheurs et le débat se poursuit sur la signification des différentes représentations qui y figurent, ainsi que sur la fonction que la pierre pouvait avoir dans le contexte de la synagogue.

La pierre est en calcaire dur et mesure 55 x 67 cm, avec une hauteur de 33 cm. Elle repose sur quatre larges pieds de 7 cm et la face arrière est un peu plus haute que la face avant. Toutes ses faces, à l'exception du fond, sont décorées en relief.


Sur la face avant est représenté un chandelier à sept branches (ménorah) sur une base tripode au sommet d'un carré décoré et entouré de deux jarres. Il s'agit probablement de la représentation du Temple de Jérusalem en miniature.

Illustration: D. Shalem in AVIAM – BAUCKHAM, “The synagogue Stone”, p. 138.


En effet, la figure carrée sous la ménorah pourrait représenter l'encens ou l'autel d'or, qui se trouvait dans le Hekhal (la partie intérieure du Temple, en dehors du Saint des Saints) ou alors l'autel des sacrifices, qui se trouvait dans la cour des prêtres, devant le Temple. Les jarres ont également reçu différentes interprétations, comme contenant de l'huile ou de l'eau pour les sacrifices - mais presque tous coïncident dans l’idée d’une utilisation pour le service du Temple. Avec les deux colonnes qui entourent chaque côté et l'arc qui surmonte l'ensemble de la scène, le relief donne l'impression que l'on regarde depuis la cour des Israélites vers le bâtiment du Temple lui-même. Découvrez le Temple de Jérusalem en cliquant ici.


Les côtés sont presque identiques et représentent des motifs architecturaux que la plupart des spécialistes considèrent comme deux rangées de colonnes, même si d'autres, les ont identifiés comme des gerbes d'orge ou de blé, qui auraient été apportées au Temple pendant la fête de Shavuot (fête de la moisson). Les deux objets suspendus, à l'extrémité nord de ces côtés, ont été principalement interprétés comme des lampes à huile ou comme des récipients à encens.

Illustration: D. Shalem in AVIAM – BAUCKHAM, “The synagogue Stone”, p. 138.


La face arrière présente deux motifs cerclés entre trois colonnes, que les fouilleurs ont interprétés comme des rosettes. Mais la plupart des spécialistes les interprètent comme deux roues avec des flammes ou des étincelles de feu en dessous.

Illustration: D. Shalem in AVIAM – BAUCKHAM, “The synagogue Stone”, p. 138.


Cela a été vu comme un symbole du char de feu ou du trône de Dieu tel qu'il est décrit dans les derniers livres de l'Ancien Testament, par exemple dans Daniel 7,9-10 ; Ezéchiel 1,15-20 ou d'autres livres contemporains comme 1 Énoch ou le Chant du sacrifice du sabbat des manuscrits de la mer Morte. Dans un certain sens, il présente de manière artistique la présence du Tout-Puissant et donne un aperçu symbolique du Saint des Saints, auquel seul le Grand Prêtre avait accès une fois par an, le jour de Yom Kippour.

15 J’ai vu les Vivants : il y avait une roue à terre, à côté de chaque Vivant, pour leurs quatre visages. 16 Ces roues et leurs éléments scintillaient comme de la chrysolithe. Toutes les quatre avaient même forme. L’aspect de leurs éléments était tel que les roues paraissaient imbriquées l’une dans l’autre. 17 Quand elles avançaient, elles allaient dans les quatre directions ; elles avançaient sans s’écarter. 18 Leur pourtour était grand et effrayant, rempli de scintillements autour de chacune des quatre roues. 19 Quand les Vivants avançaient, les roues avançaient à côté d’eux ; quand les Vivants s’élevaient de terre, les roues s’élevaient. 20 Là où l’esprit voulait aller, ils allaient, et les roues s’élevaient avec eux : l’esprit du Vivant était dans les roues ! (Ez 1,15-20)
09 Je continuai à regarder : des trônes furent disposés, et un Vieillard prit place ; son habit était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête, comme de la laine immaculée ; son trône était fait de flammes de feu, avec des roues de feu ardent. (Dn 7,9)

Le plus grand débat porte sur la face supérieure de la pierre. Au centre est placée une grande rosette à six pétales encadrée par six autres pétales de même taille entre deux grands objets que la plupart des spécialistes considèrent comme des palmiers. Une autre interprétation propose de voir des balayettes utilisées dans le service du Temple pour débarrasser les autels des cendres des sacrifices.

Illustration: D. Shalem in AVIAM – BAUCKHAM, “The synagogue Stone”, p. 138.


Les quatre coins de la table montrent qu'il y avait dans un premier temps quelque chose de plus haut, dépassant de la surface, qui avait été ciselé dans un second temps, laissant une élévation inégale. Il pourrait s'agir à l'origine de cornes, telles celles qui surmontaient les autels.

Reproduction de l'autel à cornes de Bersheva

Photo: E. Pastore


Autour de la rosace, on trouve douze objets plus petits de formes différentes, la plupart par paires, tandis qu'un élément en forme de cœur est répété six fois dans des tailles différentes. Même si la plupart des chercheurs pensent qu'il pourrait s'agir d'une représentation de la table des pains d'oblation, qui n'est pas représentée sur le relief antérieur, il existe un désaccord sur l'interprétation des pains.

Représentation de la table des pains d'oblation

Photo: Bible Places


La partie centrale du relief avec la rosace pourrait représenter le voile qui séparait le Saint des Saints. Ce que d'autres ont interprété comme des palmiers, peut être vu comme des colonnes avec des chapiteaux en forme de palmier, sur les côtés du rideau.


D'après 2 Chroniques 3,14, le voile du Tabernacle et celui du Temple de Salomon, était décoré avec des images des chérubins:

Salomon fit le rideau de pourpre violette et de pourpre rouge, de carmin et de lin ; et il le rehaussa de kéroubim (chérubins). (2 Chroniques 3,14)

Représentation du rideau représentant des chérubins et séparant le saint des saints où se trouvait l'arche d'alliance.


Mais la description que fait Flavius Josèphe de la décoration du voile dans le Tabernacle diverge du texte biblique. Dans son récit, les chérubins sont remplacés par des fleurs et par d'autres motifs non figuratifs. Le fait d'éviter toute forme d'art figuratif (cultuel ou décoratif) pourrait expliquer la représentation, sur la pierre de Magdala, des chérubins sous forme de fleurs et d'autres motifs non figuratifs. Cette interprétation de la rosette en tant que symbole du voile ou du rideau du Temple donne à réfléchir et expliquerait pourquoi la rosette était le symbole le plus utilisé dans l'art juif au premier siècle de notre ère. Consultez notre page à propos du motif de la fleur à douze pétales.


A quoi servait la pierre synagogale de Magdala ?


Certains spécialistes s'accordent à penser que la pierre a pu servir de "trône de Moïse", mais pas pour le fonctionnaire de la synagogue, sinon pour le rouleau de la Torah lui-même, qui aurait pu être placé dessus, avant d'être remis au lecteur, qui le recevait debout.


Ci-contre: Reconstitution de la supposée table de lecture de la Torah par M. Aviam. Dessin de D. Shalem.


La pierre représenterait donc le Temple de Jérusalem, situé sur le mont Sion, en direction duquel on se tournait (depuis la synagogue Magdala, en Galilée) pour lire et proclamer la Parole de la Torah, conformément à ce qu'il est écrit :

« “Venez, montons à la montagne de YHWH, à la maison du Dieu de Jacob, qu’il nous enseigne ses voies et que nous suivions ses sentiers.” Car de Sion vient la Loi et de Jérusalem la parole de YHWH. » (Is 2, 3)

Emanuelle Pastore

Source : Johanna Von Siemens, The Fonctions of the Synagogue, 2021.


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